Cet article présente les acteurs du patrimoine : les acteurs du bâtiment et de la restauration.
Introduction
La valorisation et la promotion du patrimoine bâti passent aussi par une étape cruciale et nécessaire à chaque monument : la restauration. Les effets et aléas du temps détériorent peu à peu chaque jour les bâtisses. Les acteurs du bâtiment et de la restauration peuvent venir de différents horizons : d’une part il y a les acteurs dépendants de l’Etat, et d’autre part les associations, présentées ici pour leur pertinence dans le monde du bâtiment et de la restauration.
Les acteurs liés à l’État
Les laboratoires de recherches dans la restauration du patrimoine bâti relèvent du ministère de la Culture ou sont liés par le ministère par des conventions de partenariat.
Laboratoire de recherches des monuments historiques (LRMH)
Le LRMH est un service à compétence nationale du ministère de la culture, créé en 1967. Il est composé d’une équipe de 34 agents dont la plupart sont des scientifiques et organisé en 9 pôles thématiques dédiés à la recherche sur des matériaux et sur des types d'œuvres.
Il dispose d’un Centre de ressources qui met en avant la valorisation, la conservation et la diffusion des informations et connaissances du laboratoire, gestionnaire du portail SYNAPSE (Système Numérique Appliqué au Patrimoine et à ses Sciences).
Le LRMH va s’occuper principalement d’apporter une assistance scientifique et technique aux travaux de restauration et de conservation d’édifices, de monuments historiques ou d’objets mobiliers. Il représente le contrôle scientifique et technique de l’Etat.
Il va se tourner autour de 3 thèmes :
L’optimisation/l’évaluation des techniques et des produits de la conservation et de la restauration ;
Les connaissances et les études autour des matériaux qui constituent les oeuvres patrimoniales et leurs mécanismes d’altération ;
Le développement de la recherche scientifique.
Ce laboratoire est soutenu par le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF).
Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF)
Le C2RMF, créée en 1999, est une réunion du Laboratoire de recherche des musées de France et du Service de restauration des musées de France dans une même institution. Il bénéficie de crédits du ministère de la Culture et de la Communication.
Le département Recherche participe au diagnostic pour la mise en œuvre des restaurations et prépare des méthodes scientifiques afin de faire un suivi de ces restaurations. Il mène d’autres projets de recherches pluridisciplinaires avec d’autres institutions françaises et internationales.
Ses missions sont :
d’effectuer des examens, des analyses, des mesures et des investigations nécessaires à la restauration ou la conservation d’une œuvre ou d’une collection ;
de préparer les méthodes scientifiques pour l’histoire de l’art de demain, menée dans le cadre de la mise en place du projet New Aglae (fédération de recherche pour le CNRS) et des travaux menés avec le LABEX PATRIMA ;
de mener à bien la recherche pluridisciplinaire en étroite collaboration avec les partenaires de la conservation et de la restauration et d’autres équipes de recherche du domaine académique français et international.
Centre interdisciplinaire de conservation et de restauration du patrimoine (CICRP)
Le CICRP exerce dans le respect des exigences du Code du Patrimoine et du Ministère de la Culture. Il intervient dans les domaines de la conservation préventive, curative et de la restauration du patrimoine culturel du domaine public ou du domaine privé protégé au titre des Monuments Historiques. Il travaille avec les Musées de France, les archives, les bibliothèques, les centres d’art, ou toute autre institution dans la conservation de biens culturels.
Le CICRP s’occupe :
de l’art et des matériaux contemporains ;
des arts graphiques ;
de la peinture murale ;
de la peinture de chevalet ;
du patrimoine écrit ;
de la pierre ;
de la conservation préventive (comme des problématiques autour de la contamination biologiques, telles que les moisissures et infestations).
Il apporte aux propriétaires et aux responsables de biens culturels ou monuments une expertise scientifique et technique ainsi qu’une assistance en matière de conseils et de préconisations. Il accompagne les maîtres d'ouvrage dans les opérations de conservation et de restauration.
Le CICRP mène également des études sur la conservation et l’altération des matériaux du patrimoine.
Acteurs indépendants liés à la fonction publique
Il existe d’autres acteurs qui ne sont pas dépendants du Ministère de la Culture ni des collectivités mais qui ont tout de même un lien avec l’Etat/la fonction publique.
Les Architectes des Bâtiments de France (ABF)
Les Architectes des Bâtiments de France (ABF) sont des fonctionnaires d’encadrement supérieur qui font partie du corps des Architecte et Urbaniste de l'État (AUE) et qui ont choisi l’option “Patrimoine”. Ils font partie de l’Association Nationale des Architectes des Bâtiments de France (ANABF). Ils ont pour mission d’entretenir et de conserver tous les monuments historiques protégés ou non protégés et de veiller à la qualité de l’habitat, aux normes de sécurité. Ils exercent dans chaque département au sein du Service territorial de l'Architecture et du Patrimoine (STAP).
Ils dirigent des travaux d’entretien sur des édifices classés Monuments Historiques lorsque les propriétaires ou gestionnaires reçoivent une subvention de l’État ou lorsque la maîtrise d’ouvrage est assurée par le ministère chargé de la Culture. Ils sont également conservateurs de la plupart des monuments historiques appartenant à l’État.
L’ABF va aussi veiller à l’application des lois sur les monuments historiques, les espaces inscrits ou classés au titre des sites, les secteurs sauvegardés et les Zones de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager. Il va également émettre un avis sur toute demande d’autorisation de travaux.
Enfin, les Architectes des Bâtiments de France ont pour mission de transmettre le savoir autour de la sensibilisation auprès des élus et du public.
Les Architectes en Chef des Monuments Historiques (ACMH)
Les ACMH sont un corps d’architectes spécialistes dans le patrimoine et les Monuments Historiques, attachés au Ministère de la Culture. Ils assurent la sécurité, le conseil et l’expertise sur des thèmes de patrimoine protégé à la demande de l’Etat. Ce sont les architectes maîtres d'œuvre pour la restauration des monuments historiques propriétaires de l’État.
Les architectes en Chef des monuments historiques sont à la fois des acteurs du patrimoine dans leur pratique, et des acteurs de la réflexion théorique dans les domaines de la conservation et de la restauration. Recherche, diffusion et enseignement des savoirs et des savoir-faire sont à l’ordre du jour. Ils sont recrutés par un concours d’État, considéré comme l’un des concours les plus exigeants de la fonction publique.
Ce sont les experts des édifices anciens. Ils ont pour mission de proposer à l’État des mesures pour assurer la conservation des biens culturels protégés dans sa circonscription. Ils vont réaliser des études architecturales et techniques avant des travaux de restauration et intégrer un programme de valorisation de l’édifice concerné. Ils vont avoir la plus grosse responsabilité dans le cadre de travaux.
Les associations
Les associations sont très importantes dans le rôle de la restauration. Elles sont créées par la volonté et la motivation des citoyens et des collectivités désireux de sauver le patrimoine de l’altération par le temps.
Fédération Française des Professionnels de la Conservation-Restauration (FFCR)
La FFCR a été créée en 1992 et a pour but la défense du patrimoine culturel et la préservation des édifices en général. Elle s’attache à la reconnaissance, la mise en avant et à la défense du métier de conservateur-restaurateur de biens culturels.
Ses nombreux objectifs sont les suivants :
Promouvoir la conservation-restauration des biens culturels ;
Développer un haut niveau de formation et de recherche dans le domaine en accord avec les textes législatifs et réglementaires en vigueur ;
Protéger le statut professionnel de conservateur-restaurateur et de participer à la reconnaissance du métier ;
Assurer le respect des règles déontologiques de la profession ;
Organiser des échanges entre ses membres et de développer des activités de cohésion sociale ;
Assurer la représentation et la défense des intérêts moraux, culturels, scientifiques et matériels de ses membres ;
Créer, participer et agir par tous les moyens utiles à la réalisation de projets.
Pour y adhérer, il faut être un professionnel du patrimoine, un étudiant du patrimoine, ou bien un retraité de la profession.
Groupement français des entreprises de restauration de Monuments Historiques (GMH)
Le GMH est un syndicat professionnel créé en 1960, affilié à la fédération française du bâtiment. Il est au service de plus de 245 entreprises-membres spécialistes dans les monuments historiques. L’action du GMH s’exerce auprès des pouvoirs publics, des collectivités locales et territoriales, des maîtres d’ouvrage, des instances et des associations de la filière du patrimoine bâti et des monuments historiques.
Le GMH veut :
Défendre les intérêts et le niveau de la profession ;
Représenter les entreprises de restauration du patrimoine bâti et des monuments historiques ;
Donner des formations afin de transmettre les savoir-faire du domaine de la restauration ;
Faire connaître les métiers de la restauration, les savoir-faire et les techniques spécialisées de la restauration ;
Participer à la recherche et aux nouvelles technologies pour une vision d’avenir.
Pour y adhérer, il faut :
Assurer la formation des jeunes ainsi que la transmission des savoir-faire ;
Être inscrit au registre du commerce ou répertoire des métiers et ne pas avoir de statut d’auto-entrepreneur ;
Avoir un effectif d’au moins un salarié en plus du dirigeant et respecter les obligations sociales.
Section Française de l’Institut International de Conservation (SFIIC)
La SFIIC regroupe des spécialistes de la conservation du patrimoine culturel comme des conservateurs, restaurateurs et scientifiques. Cette association a pour but de favoriser toute action concernant la conservation des biens culturels en suivant les règles déontologiques dans les professions concernées. Elle est moralement affiliée à l’International Institute of Conservation (ICC).
La SFIIC forme des groupes de travail et propose des journées d’études annuelles afin de rassembler les acteurs du patrimoine. Ces journées sont accessibles gratuitement pour les adhérents.
Elle organise également des colloques sur divers thèmes et publie des actes sous forme de revue ou de livre.
Les actualités de la SFIIC et de l’ICC sont régulièrement postées sur le site internet de l’association en plus de l’actualité du patrimoine. Une boutique en ligne est disponible où on peut retrouver des publications relatives à la conservation et à la gestion du patrimoine.
Les adhérents peuvent accéder à tous les contenus du site de la SFIIC, et participent à la vie de l’association. Ils ont la possibilité de participer gratuitement aux journées d’étude et aux différentes activités proposées par les groupes de travail. Ils ont également accès aux numéros électroniques de CoRé.
Pour y adhérer :
Travailler dans le domaine de la conservation des biens culturels (quelle que soit la discipline ou le champ d’application) ;
L’adhésion est fixée à ce jour à 50€ par personne, et 250€ pour les institutions. Il existe un tarif étudiant au montant de 20€ ;
Les institutions adhérentes bénéficient de 3 agents des activités de la SFIIC.
Conclusion
Si le patrimoine bâti semble éternel, il n’en serait rien sans le travail acharné des acteurs du patrimoine et de la restauration. Le patrimoine bâti n’attend que d’être valorisé, maintenu et conservé pour faire perdurer la mémoire collective historique et faire vivre notre héritage.
Les acteurs du bâtiment et de la restauration sont là pour contrer les effets du temps et de la destruction des bâtiments à coups d’expertises, d’études scientifiques et de travaux. Ce sont eux qui, dans les règles de l’art, s’efforcent de maintenir la beauté des édifices, d’assurer les normes de sécurité et de garder les traces historiques des événements passés.
Pour aller plus loin :
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